Danger en protection de l'enfance

La protection de l’enfance, en ce début de XXème siècle, est marquée par une régression majeure. L’évaluation du témoignage des enfants victimes de maltraitance conclut de plus en plus souvent au déni de la réalité de ces violences. Après la mode de l’aliénation parentale et des enfants menteurs, c’est désormais le règne des « faux souvenirs ». Les parents protecteurs se trouvent d’emblée suspectés d’instrumentaliser leurs enfants, et les professionnels, qui soutiennent l’enfant, d’être partisans ou partiaux ; pendant que les auteurs s’érigent en victimes. Ces dérives, qui ont évolué pendant des années de façon insidieuse, s’imposent désormais au grand jour. Sur le terrain, dénis, instrumentalisations perverses des situations, des procédures, et référentiels professionnels biaisés, entravent considérablement la protection des enfants et le travail des intervenants. C’est de ce constat, et de l’urgence d’en comprendre les mécanismes et les enjeux, que résulte ce livre d’alerte, co-écrit par des professionnels engagés dans le respect de l’intégrité et de la responsabilité : pour que la protection de l’enfance devienne, enfin, une réalité, et que la vie de ces enfants ne soit plus davantage fracassée.

Cet ouvrage s’inscrit dans la suite du colloque qui s’est tenu au Conseil Économique et Social le 10 avril 2015 sur : Maltraitances sexuelles, physiques et psychologiques sur les enfants : Mécanismes de défense et effets de la perversion chez les professionnels. Initié par le REPPEA – Réseau des Professionnels pour la Protection de l’Enfance et de l’Adolescence ce colloque visait à faire le point sur un certain nombre de dérives constatées dans le milieu de la protection de l’enfance. Au-delà des progrès constatés à la fin du XXème siècle dans la protection de l’enfance, ce début de XXème siècle est marqué par un retour sans précédent sur la valeur du témoignage d’un enfant victime de maltraitance. Les enfants maltraités loin d’être protégés se trouvent maintenus dans des environnements violents et sacrifiés sur la scène des dysfonctionnements à l’oeuvre : diabolisés, traités de menteurs, de fabulateurs, d’enfants manipulés ou manipulateurs, ils n’ont, aujourd’hui, plus l’écoute et l’attention de ceux censés les protéger.

Cette régression inédite peut-elle se comprendre au travers de la notion de perversion qui s’infiltre dans notre société pour décrédibiliser la parole des enfants et trouve appui dans l’existence de néo-théories visant à nier tant le statut de victime de l’enfant que son statut de sujet ? Quelles sont ces idéologies simplistes et simplificatrices qui trouvent audience dans les institutions censées protéger les enfants et pourquoi ? Quels référentiels pervertis agissent à notre insu dans ces situations de maltraitance ? Quels sont les effets sur les professionnels des situations de maltraitance ? Quelles sont les incidences sur leur pratique et leurs décisions des mécanismes de défense lorsqu’ils sont confrontés à des processus pervers ? Comment identifier les mouvements défensifs fréquents dans ces situations de maltraitance (dénis, contre transfert négatif avec rejet de l’enfant, identifications projectives, clivages, adhésion au discours conspirationniste et paranoïaques…) ?

L’objectif est de permettre aux professionnels de mieux comprendre les processus conduisant à de telles dérives pour aller plus loin que les simples constats de dysfonctionnements. Il s’agit d’aider les intervenants à décrypter les processus en jeu afin qu’ils puissent exercer réellement leur fonction dans le respect des enfants et de leur statut psychologique spécifique ; afin de limiter les effets délétères de telles situations dont les enfants sont les premières victimes.

Ouvrage codirigé par Eugénie Izard et Hélène Romano.

 

Avec les contributions de :
Ariane BILHERAN – Édouard DURAND
Marie-Christine GRYSON-DEJEHANSART – Illel KIESER `L BAZ
Jacqueline PHELIP – Brigitte ROBILLIARD – Muriel SALMONA
Préface de Maurice BERGER

Les auteurs :

Maurice BERGER : Chef de service en psychiatrie de l’enfant au CHU de Saint-Étienne pendant de nombreuses années, ex-professeur associé de psychologie à l’Université Lyon 2, et psychanalyste. Il est l’auteur de nombreux articles et de plusieurs ouvrages dont Ces enfants quon sacrifie… réponse à la loi réformant la protection de lenfance (2014), Lenfant et la souffrante de la séparation. Divorce, adoption, placement (2014), Léchec de la protection de lenfance (3ème éd. 2014).

Ariane BILHERAN : Psychologue clinicienne, Docteure en Psychopathologie, philosophe, auteure spécialisée dans la manipulation, le harcèlement et la psychologie du pouvoir, avec notamment Le harcèlement moral (2006, 3ème rééd. 2013), Manipulation. La repérer, s’en protéger (2013), Harcèlement. Famille, Institution, Entreprise (2009), L’autorité (2009), chez Armand Colin. Elle a également publié chez Payot Se sentir en Sécurité (2013), et Soyez Solaire (2015).

Édouard DURAND : Magistrat. Il a notamment exercé les fonctions de juge des enfants au tribunal de grande instance de Marseille et il est depuis 2012 coordonnateurs de formation à l’École Nationale de la Magistrature. Il est l’auteur de plusieurs articles sur l’enfance et la famille ainsi que sur les violences conjugales, et d’un livre Violences conjugales et parentalité, protéger la mère c’est protéger l’enfant chez l’Harmattan (2013).

Marie-Christine GRYSON-DEJEHANSART : Psychologue Clinicienne, expert Judiciaire et formatrice. Elle a exercé en pédopsychiatrie avant d’ouvrir un cabinet en libéral. Elle a été Directrice d’une consultation d’aide psychologique (le CAP) et Présidente d’une association de professionnels de la Justice et de la victimologie travaillant autour des agressions sexuelles (Balise la vie). Elle a élaboré une méthodologie participative pour et avec les enfants victimes de traumatismes, publiée chez Dunod en 2013 L’enfant agressé et le Conte créatif enseigné à l’Institut du même nom. Experte principale des enfants d’Outreau, elle est également l’auteure de Outreau la vérité abusée (eds. Hugo & Compagnie).

Eugénie IZARD : Pédopsychiatre, Présidente du REPPEA, Toulouse. A participé au livre collectif coordonné par Jacqueline Phelip et Maurice Berger Divorce, séparation : les enfants sont-ils protégés ?

Illel KIESER ‘l BAZ : Psychologue, anthropologue, Toulouse.

Jacqueline PHELIP : Présidente de l’association l’Enfant d’abord. Auteur du Livre noir de la garde alternée chez Dunod et co-auteur chez le même éditeur avec Maurice Berger du livre collectif Divorce, séparation : les enfants sont-ils protégés ?

Brigitte ROBILLARD : Avocate, psychologue, médiateur familial, Paris.

Hélène ROMANO : Docteur en psychopathologie clinique-HDR, expert près les Tribunaux, chercheur et psychothérapeute spécialisée dans la prise en charge des blessés psychiques et tout particulièrement des enfants ; qu’il s’agisse d’événements traumatiques de nature intentionnelle (viol, crime, attentat, guerre) ou non (confrontation à la mort, accident de transport, catastrophe naturelle). Auteur d’une vingtaine d’ouvrages consacrés à cette problématique du traumatisme psychique dont chez Dunod Lenfant face au traumatisme (2013), Harcèlement en milieu scolaire. Victimes, auteurs : que faire ? (2015), Ecole, sexe et vidéo (2014), Lenfant et les jeux dangereux (2012) et avec Boris Cyrulnik Je suis victime. Lincroyable exploitation du trauma (2015, Eds. Ph Duval).

Muriel SALMONA : Psychiatre, Psychotraumatologue, Présidente de l’association mémoire traumatique et vice-présidente du REPPEA. Auteur du Livre noir des violences sexuelles chez Dunod (2013).

Voir l'interview d'Eugénie Izard dans Actu Toulouse

Ecouter l'interview d'Hélène Romano sur France Culture

Lire l'article d'Hélène Romano

Interview d'Hélène Romano par Karl Zero

Le "Syndrome d'Aliénation Parentale", un négationnisme de l'inceste validé par les tribunaux français

 

---------------

 

Izard, E., Romano, H. (codirection)
Paris, Armand Colin
2016

Voir les détails du livre.

 

 

Le "Syndrome d'Aliénation Parentale", un négationnisme de l'inceste validé par les tribunaux français